Explorer l’immensité à la fois dans le temps et dans l’espace, mise en tension par l’idée toujours présente d’une réalité éphémère. Par le biais d’une activité systématique, obsédante, étendre la fugacité de cette réalité jusqu’à la distendre, représentant un monde en perpétuel recommencement.
Je compose et décompose des surfaces et des temporalités, puis les étire comme sur ces vieux enregistrements de voix qui en vieillissant allongent les mots et ne nous laissent qu’un magma envoûtant fait d’onomatopées.
        Les lignes sont claires, précises, minuscules, l’intensité recherchée naît de leur nombre et de leur densité. Mes travaux offrent en général plusieurs points de vue, un point de vue éloigné offrant à voir un paysage inondé ou un halo de nature qui de plus prêt nous montre des individualités en déséquilibre, ou une foule en marche.
        La mise en oeuvre et le résultat ne sont pas dissociables, chaque brin d’herbe dessiné m’achemine
vers la construction de mon paysage. Dans un monde où les termes d’efficacité et de rentabilité semblent diriger nos modes de vie, je m’évertue autant que possible à ralentir la cadence, à recréer sans cesse cet entrelacement de l’homme avec la nature. L’homme devient paysage, ou le construit, quand il n’est pas représenté, il est présent par le point de vue précisément humain sur ce qui fait du paysage un paysage.

       Questionner ce monde (notre monde?) à la fois vide et frénétiquement rempli, silloné, envahi par des flux qui ne semblent vouloir s’arrêter. Dans une sempiternelle ritournelle, les foules avancent comme dans un manège, aux rythmes de respirations, des paysages se font et se défont, et la mélodie lancinante du tambour de la machine à laver emporte avec lui un paysage sans dessus dessous.

        La perte de repères, l’errance, la noyade, le vertige, le basculement, l’inéluctable, l’apesenteur et la chute sont autant de notions que je cherche à développer au travers de mes dessins et de mes installations.


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        Océane Moussé erforscht die zeitliche und räumliche Grenzenlosigkeit, mit der Spannung des Vergänglichen. Durch eine sich wiederholende, obsessive Arbeit versucht sie den vergänglichen Moment zu deformieren, um seinen ewigen Neubeginn darzustellen.
Sie versucht sie in ihren Bildern zu dehnen, wie  ein Gummi, wie diese alten Tonbanaufnahmen, die mit dem Alter anfangen langsamer zu spielen und bei denen die Worte zu Schallworten werden.

        Die Linien sind klar, prezise und finzig klein, die gesuchte Spannung entsteht durch ihre Anzahl, und ihre Dichte. Es gibt mehrerer Blickwinkel : Von weitem sieht man eine flimmernde Landschaft, ein Schein von Natur und von nahem entdeckt man eine aus dem Gleichsgewicht geratene Menschheit, die stets vor an marschiert.

        Man kann das zeichnerische Schaffen nicht vom Resultat trennen. Jedes einzelne Grasshalm strukturiert pö à pö die kommende Landschaft. In einer Welt wo alles leistungfähig und rentabel sein muss, versucht sie alles zu verlangsamen.

        Sie beschreibt, eine von vielfältigen Einflüssen durchdrungende Welt (unsere Welt?), die entweder völlig leer steht oder extrem überfüllt ist. Wie in einem ewigen Refrain, scheinen sich die Menschen in einem Karussell zu drehen, die Zeit scheint entweder still zu stehen oder in einer Schleife verfangen zu sein. Die scheinbare Ruhe hat nichts Beruhigendes.

        Der Verlust des Vertrauten, das Umherirren, das Ertrinken, der Schwindel, das Schwerelose und das Fallen sind die verschiedenen Themen mit denen Océane Moussé sich auseinander stetzt.